L'haltérophilie, analyse descriptive de l'activité.
- Arthur MICHEL

- 17 janv. 2022
- 9 min de lecture
Dernière mise à jour : 19 avr. 2024
L'haltérophilie,
analyse descriptive de l'activité.
Analyse descriptive et technique de l'activité

•Analyse descriptive de l’activité
L’haltérophilie (WeightLifting) est un sport olympique. L’haltérophilie se décompose en deux mouvements différents : l’arraché et l’épaulé-jeté.
L’arraché consiste à arracher la barre du sol et l’amener au dessus de la tête à bout de bras en une seule phase contrairement à l’épaulé-jeté qui se réalise en deux phases, il faut d’abord amener la barre sur les épaules/ clavicules et ensuite la jeté à bout de bras au dessus de la tête.
L’haltérophilie s’inscrit dans les sports de force comme la force athlétique.
Née dans l’Antiquité l’haltérophilie est présente dans le programme olympique depuis les premiers Jeux de l’ère moderne à Athènes en 1896, mais doit se battre pour garder sa place aux Jeux Olympiques 2028 tout comme la boxe qui risquent tout deux de se faire remplacer par l’escalade, le skateboard et le surf.
L’haltérophilie est un sport universel et c’est l’unique sport de force inscrit aux jeux olympique pour le moment. Ce sport est pratiqué dans un très grand nombre de pays mais c’est en Grèce, en Turquie, en Arménie et en Bulgarie qu’il est le plus populaire et le plus pratiqué. N’oublions pas la Russie, l’Iran et la Chine et certains pays d’Europe de l'Est qui dénombre beaucoup d’haltérophiles de très haut niveau.
• Deux mouvements
L’arraché (Snatch)
L’arraché (ou mouvement de la jeunesse) consiste à amener la barre à bout de bras au dessus de la tête en un seul temps. Sa vitesse d’exécution sur une grande amplitude, sa précision technique et sa puissance qu’il requiert sur une fenêtre de temps minimal font de lui le mouvement le plus technique en haltérophilie. Il est souvent plus facile pour les débutants d’apprendre et maitriser l’épaulé ou le jété que l’arraché.
L’épaulé jeté (Clean & Jerk)
L’épaulé jeté (ou mouvement de la sagesse) est le deuxième mouvement d’haltérophilie. Il consiste à amener la barre au dessus de la tête à bout de bras en deux phases. La barre est d’abord épaulé (sur les épaules/clavicules) et enfin jeté au dessus de la tête. Cette particularité de se décomposer en deux phases permet à l’athlète de soulever des charges supérieurs à celle de l’arraché. Dans la description bio-mécanique et technique on retrouvera des phases similaires à celle de l’arraché. Il demande un peu moins de mobilité que l’arraché c’est pourquoi il peut être plus accessible pour les débutants.
• Logique, environnement et exigences de l’activité
L’haltérophilie est un sport qui requiert force, mobilité, coordination, explosivité et dynamisme. Les haltérophiles ont recourt à des mouvements de force dans leur préparation ainsi qu’à de nombreux mouvements semi-technique et de musculation spécifique.
La partie psychologique est aussi importante en haltérophilie, en effet concentration et rigueur permettent une meilleure exécution technique. Une bonne planification des entrainements et des récupérations sont aussi des déterminants de la performance en haltérophilie afin de récupérer physiquement entre chaque entrainement.
Enfin étant un sport à catégorie de poids la nutrition fait partie intégrante de l’activité, mais elle est aussi essentielle à une bonne récupération, elle est donc un déterminant de la performance en haltérophilie.
La technique est un déterminant primaire de la performance et de la santé.
•Facteurs d’efficacité : Placements et Techniques
L’arraché
Précédemment nous avons défini l’arraché comme étant le mouvement le plus technique en haltérophilie. Cependant quelles sont les conditions à réunir pour réussir un arraché ?
L’analyse bio-mécanique de l’arraché nous permet de fixer les premiers critères de réussite ce mouvement. Cette analyse reprend les différentes étapes, placements et phases techniques.

Position de départ :
En position de départ les pieds sont écartés d’une largeur de bassin, sous la barre et légèrement ouvert vers l’extérieur. Les mains sont en pronations (pouce crochetés pour un meilleur relâchement des membres supérieurs), l’écartement des mains est d’au moins une envergure coude-coude. Les coudes sont tournés vers l’extérieur, avec les membres supérieurs relâchés. Les membres inférieurs sont fléchis, les tibias sont inclinés vers l’avant et proche de la barre, les genoux sont en avant de la barre et à l’aplomb ou en retrait de la ligne vertical marqué par les épaules. Les omoplates sont fixés et la poitrine bombé afin de protéger le haut du dos et ne pas subir le poids de la barre au moment du décollage. Les épaules sont légèrement en avant de la barre créant un léger déséquilibre du poids du corps sur l’avant du pied. Le dos est fixé (courbure naturelle du dos), et incliné vers l’avant. Les abdos engagés. La tête est légèrement relevée, fixant un point devant, favorisant l’équilibre général du corps lors de l’exécution des phases suivantes.
Premier tirage (1-2) : jusqu’au bas des genoux
Pour la phase de premier tirage les fesses et les épaules s’élèvent en même temps jusqu’a ce que la barre soit au niveau des genoux. La montée de la barre s’effectue par l’unique poussée des membres inférieurs. Les bras restent relâchés. Le dos reste fixé. La barre glisse le long des tibias en progressant dans un plan vertical.
Phase de repiquage (3)
La phase de repiquage est la phase de passage des genoux, l’angle tronc/sol ne varie que très peu. Les genoux partent légèrement en arrière et s’engagent de nouveau vers l’avant, ils s’effacent pour laisser passer la barre.
Position fondamentale (3)
Après la phase de premier-tirage et de repiquage la barre est en position fondamentale. C’est l’endroit où commence le deuxième tirage.
Second tirage (4-5-6)
Quand les genoux s’engagent vers l’avant, c’est le début de l’engagement du bassin. Les membres inférieurs continuent leur extension, le dos se redresse agressivement presque à la verticale. La barre glisse le long des cuisses, les bras sont toujours relâchés. La barre se trouve au point de puissance, là où l’accélération de la barre est à son apogée. Pour l’arraché le point de puissance se trouve au tiers supérieur des cuisses. Les hanches, les genoux et les chevilles continuent leur extension, c’est la triple extension.
Tirage de bras - Troisième tirage (6-7)
L’action des mollets et des trapèzes, l’amorce de traction des fléchisseurs des membres supérieurs se mettent en route simultanément, les coudes vers le haut. Cette action doit se faire quand l’extension des membres inférieurs et du tronc est complète.
Passage sous la barre (7-8)
Les pieds se décollent du sol et s’écartent latéralement tandis que les membres inférieurs se fléchissent. Les bras, épaules et trapèzes, tirent vers le haut, les coudes sont toujours plus haut que les poignets. La barre devient alors un point d’appui pour une chute plus explosive afin de la réceptionner. Ceci nécessite une bonne coordination. La barre frôle le buste et décélère mais se trouve toujours en phase ascensionnelle alors que le corps descend. Les pieds ont repris contact avec le sol et marquent le début de l’amortissement de la charge par les membres inférieurs.
Phase de réception (9)
À la réception, la ligne des épaules est repassée légèrement devant celle du bassin, les coudes sont verrouillés. Les articulations hanches, genoux, chevilles sont fermées, l’accroupissement est total. Les membres inférieurs en appui au sol ont freiné puis stoppé la chute de la barre, le dos est toujours fixé, les abdos contractés.
Stabilisation et extensions des membres inférieurs (10)
L’équilibre est créé, la barre est stabilisé au-dessus de la tête : une poussée des membres inférieurs est réalisée pour arriver à la position finale.
L’épaulé Jeté
Précédemment nous avons défini l’épaulé-jeté comme étant un mouvement réalisé en deux temps. Pour cela, l’analyse bio-mécanique portera sur les deux mouvements distincts : L’épaulé puis Le jeté. Durant l’épaulé nous allons retrouver des étapes similaires à celle de l’arraché.
L’analyse bio-mécanique de l’épaulé jeté nous permet de fixer les premiers critères de réussite. Cette analyse reprend les différentes étapes et phases techniques de ces deux mouvements.

L’épaulé
Position de départ
Par rapport à l’arraché nous pouvons observer des similitudes, néanmoins la position des mains est plus serrée (un tout petit plus large que les épaules). Les membres inférieurs sont moins fléchis (les angles de chevilles, genoux et hanches sont plus ouverts) pour une meilleure expression de la force. Le buste est plus redressé qu'à l'arraché.
Premier tirage (1-2-3)
Le premier tirage à l’épaulé est similaire à celui de l’arraché, néanmoins la charge plus lourde de l’épaulé ralenti cette phase.
Phase de repiquage (3-4)
La phase de repiquage à l’épaulé est similaire à celle de l’arraché.
Position fondamentale (4)
Elle est similaire à l’arraché.
Second tirage (4-5-6-7)
Il est similaire à celui de l’arraché, néanmoins le point de puissance se trouve plus bas (environ mi-cuisses à 2/3 cuisses) du fait d’un écartement de main plus serré.
Tirage de bras - Troisième tirage (7-8)
Il est similaire à l’arraché.
Passage sous la barre (8-9-10)
Les pieds se décollent du sol et s’écartent latéralement tandis que les membres inférieurs se fléchissent. Les bras, épaules et trapèzes, tirent vers le haut, les coudes sont en arrière et toujours plus haut que les poignets. La barre devient alors un point d’appui pour une chute plus explosive afin de la réceptionner. La barre se trouve toujours en phase ascensionnelle alors que le corps descend. Les pieds ont repris contact avec le sol et marquent le début de la réception et du verrouillage rapide de la barre par un engagement des coudes vers l’avant afin de déposer la barre sur les clavicules et les épaules avant l’amortis avec les membres inférieurs. Les membres inférieurs amortissent la chute de la barre pour arriver en position de réception.
Phase de réception (11)
A la réception l’accroupissement est total, les membres supérieurs, par leur verrouillage, empêche la barre de glisser des épaules. Le tronc reste fixé.
Stabilisation et extensions des membres inférieurs (12)
L’équilibre est créé, la barre est stabilisé au-dessus de la tête : une poussée des membres inférieurs permet d’arriver en position finale : genoux et hanche en extension complète.
Le jeté (Jerk)
En compétition nous pouvons observés sur le jeté des techniques différentes. Parmi ces différences : les vitesses d’exécution, les hauteurs de propulsion de la barre grâce à l’impulsion mais aussi la forme utilisée : jeté debout (push jerk), jeté flexion (squat jerk) et le jeté fente (split jerk). Nous détaillerons ce dernier, qui est le plus courant.
La position de départ
Debout, les pieds sont écartés à la largeur du bassin, pointé vers l’avant ou légèrement ouvert. Le poids est réparti sur l'ensemble du pied. Le dos est droit et les abdominaux engagés durant tout le mouvement pour stabiliser le tronc et mieux transférer l’énergie des membres inférieurs vers la barre et les membres supérieurs. La poitrine est ouverte, les scapulas fixées. La barre repose sur les clavicules et les épaules, les coudes sont légèrement vers l’avant, engagés vers l’extérieur. La tête est droite, le regard droit vers un repère pour favoriser l’équilibre général du corps.
L’appel (13)
Le tronc restant dans le plan vertical, une légère flexion lente et contrôlée des membres inférieurs est réalisée par l’avancée des genoux. Les talons restent au sol. La respiration à cet instant est bloquée.
L’impulsion (14)
S’en suit une poussée et extension agressive des membres inférieurs, la triple extension (hanche, genoux, chevilles) est atteinte. Un haussement d’épaules (shrug) permet de propulser la barre. Les membres supérieurs sont relâchés durant cette phase pour laisser la barre partir vers le haut. Le menton étant un obstacle à la trajectoire verticale de la barre, la tête ira vers l’arrière pour laisser passer la barre.
Le passage (15-16)
Pendant que la barre continue de prendre de la hauteur grâce à l’impulsion, les membres supérieurs sont engagés dans la poussée de cette dernière et elle devient le point d’appui pour passer sous la barre par le déplacement des membres inférieurs. Durant l’extension des membres supérieurs les membres inférieurs se déplacent dans un axe antéro-postérieur pour arriver en position de fente avec un léger retard du côté dominant (jambe avant), les pieds reviennent au sol, le bassin descend légèrement, la jambe arrière se fléchi légèrement. Le tronc et la tête reviennent dans un plan vertical.
La position de réception, stabilisation (17)
Les épaules sont engagées (emboîtées), les coudes en extension complète. La tête est légèrement en devant de la barre. Les hanches, genoux et chevilles sont stabilisées avec un angle tibia-fémur supérieurs à 90°. Le pied de la jambe dominante (avant) est droit ou légèrement tourné vers l’intérieur et à plat au sol. Le talon de la jambe arrière, est décollé et sa pointe dirigé vers l’avant.
La position finale (18)
Le corps revient à sa position debout pour marquer la position finale et la fin du mouvement. Pour cela la jambe dominante est ramenée en première puis la jambe arrière, pour éviter tout déséquilibre vers l’arrière.
Si toutes les étapes précédentes sont respectées les mouvements seront réalisés efficacement et en sécurité.
Cependant certains point techniques peuvent améliorer l’efficience du mouvement :
-La fixation des épaules,
-L'engagement des dorsaux
-Les appuis sont longtemps en contact avec le sol pour profiter pleinement de la phase de tirage (à l’arraché et l’épaulé) ou d’impulsion (au jeté).
-Le déplacement, uniquement latéral, des appuis (à l’arraché et l’épaulé) et non dans un axe antéro-postérieur pour une trajectoire optimisée de la barre et éviter un saut vers l’avant ou vers l’arrière et d’autres erreurs techniques comme un engagement du bassin, du haut du corps trop prononcé.
-Si la barre reste proche du corps pendant toutes les phases de tirages et de passages, alors la trajectoire de la barre sera optimisé.
-En fonction de la morphologie des pratiquants certains placements sont à optimiser.
Sources & Bibliographie :
Olympic weightlifting : a complete guide for athletes & coaches, Greg Everett
Vorobiev, (1978) textbook on weightlifting,
Kanyevsky, V.B (1992) Teaching the starting position of the Snatch and the clean & jerk to Novice WeightLifters.
La nouvelle haltérophilie, Renaud Lechevalier
L'haltérophilie, Yann Morisseau




Commentaires